Famille

L’accouchement, mon expérience


Un peu plus de vingt mois se sont écoulés depuis ce jour où j’ai réussi à me surpasser et à vaincre ma peur: celle de l’accouchement. Ce jour où j’ai rencontré l’Amour de ma vie. L’accouchement, cet acte qui m’a tant terrifié et dont, pourtant, je garde un beau souvenir. J’avais envie de vous raconter mon expérience car j’ai lu, écouté, regardé des témoignages d’accouchement durant la grossesse, tous traumatisants alors qu’il existe des accouchements différents, sans déchirures, sans hémorragies ni épisiotomies.

Lundi 7 Mars 2022

attente pendant le monitoring un jour avant l'accouchement

J’étais à dix jours de mon terme et lors de ma dernière visite avec la gynécologue, rien de spécial à signaler. Cependant, cela faisait quelques jours que j’avais de légères pertes liquides et comme je savais qu’il était possible de fissurer la poche des eaux, j’ai décidé de consulter les urgences de la maternité. Vers 18h, nous étions en route. J’étais sereine. On me prend en charge, on m’examine et on me pose un monitoring. Rien à signaler du côté du col et la poche des eaux n’était absolument pas fissurée mais le monitoring, lui, n’était pas bon. En effet, le cœur de Bébé S. battait trop vite. On me demande de me détendre, on me fait faire des exercices de respiration. Malheureusement, le rythme ne baisse pas. On me demande donc d’aller marcher durant une heure. Direction le parking de la maternité avec ma super démarche de robot pour une heure de marche. Retour en salle d’examens et retour du monitoring. Après environ trente minutes, comme tout était bon, on m’a laissé rentrer. L’accouchement n’était pas pour ce soir.

Sur la route…

On s’est arrêté pour manger et j’ai été prise de violentes douleurs. Je n’y ai pas forcément prêté attention puisque je venais de marcher une heure et comme je souffrais de douleurs ligamentaires depuis le second trimestre, pour moi, c’était normal. Les douleurs avaient dû être accentuées par cet effort. Pourtant, n’importe quelle femme enceinte sait que marcher autant n’est souvent pas anodin pour la suite des événements… Malgré les propositions de l’Amoureux de me reconduire à la maternité, puisqu’on était à côté, j’ai refusé et nous sommes rentrés.

Mardi 8 Mars 2023

3h29, c’est l’heure à laquelle je suis réveillée par des crampes intestinales horribles, des douleurs similaires à celles d’une gastro-entérite. J’ai donc fini aux toilettes. Sur le moment, j’ai cru que c’était quelque chose que j’avais mangé la veille qui me rendait malade car j’enchainais les diarrhées. Le délai entre chaque crampe était d’environ 5 minutes, avec ou sans diarrhée, et ces crampes duraient entre 50 secondes et 1 minute. Puis, ça a commencé à se rapprocher. On est passé de toutes les 5 minutes environ à toutes les 3 minutes puis toutes les 1 à 2 minutes, toujours avec ou sans diarrhée. Sur le moment, je ne m’inquiète vraiment pas. En effet, je décide d’aller me recoucher avec une bouillotte, puis de prendre un spasfon et même une douche.

A côté, j’avais l’Amoureux qui, depuis une bonne heure, proposait de m’emmener à la maternité et moi, je refusais. J’ai décliné jusqu’à 5h30 environ, heure à laquelle j’ai commencé à sentir que quelque chose poussait entre mes jambes (je peux encore sentir la sensation rien qu’en vous écrivant ces lignes). C’était la panique à bord dans ma tête ! Ce n’était pas quelque chose que j’avais mangé ni des crampes intestinales mais des contractions et donc, le début du travail.

Il faut savoir que nous sommes à environ une vingtaine de minutes de la maternité alors le trajet m’a semblé durer une éternité. J’avais allongé le siège passager, glissé ma tête entre les deux sièges, agrippé la poignée de maintien que je serrais fort à chaque contraction dans le plus grand calme afin de ne rien montrer à l’Amoureux. J’étais paniquée. Une fois arrivée sur le parking de la maternité, impossible de sortir de la voiture, la douleur était si forte qu’elle me paralysait. Je me souviens et me mets à entendre la dame qui était en train d’accoucher, dans sa voiture, sur le parking de la maternité, quelques mois avant et qui m’avait traumatisé. J’avais peur. Peur de ne pas pouvoir sortir de la voiture, peur de devoir accoucher dedans et de ne pas avoir la péridurale. L’Amoureux fonce à l’interphone pour prévenir, on lui signale qu’un fauteuil se trouve dans l’accueil et qu’il peut le prendre. Je ne sais pas par quel miracle j’ai réussi à sortir de la voiture mais j’y suis arrivée et au vu de la suite des événements, tant mieux !

L’accouchement

6h20, heure de ma prise en charge. Direction la salle d’examens. Je me souviens des mots de la sage-femme « Ne paniquez pas Madame » . Comment ne pas paniquer ? Quelque chose pousse entre mes jambes, j’ai l’impression qu’à tout moment, ça va exploser et surtout, je ne le montre pas mais j’ai mal (elle me conseillera de respirer à chaque contraction au lieu de retenir ma respiration. Ça fonctionne très bien !). Elle m’ausculte et m’annonce que mon col est dilaté à 7. Direction la salle d’accouchement. Dans ma tête, tout se bouscule : j’étais paniquée, je me posais dix mille questions, je n’étais absolument pas prête, la maison n’était pas prête (nous étions encore en plein travaux). Je suis en train de rêver ? Comment allions-nous pouvoir accueillir un bébé ? Tout de suite, maintenant ?

Et là, tout s’est passé très vite. On m’a beaucoup ausculté, l’anesthésiste est rapidement intervenue (même si ça m’a semblé durer une éternité). Pendant que l’anesthésiste prépare, je perds les eaux. Là, dans ma tête c’est terminé, je n’aurais pas la péridurale alors je panique encore plus. J’ai de plus en plus de mal à contenir et gérer la douleur. Je ne parviens pas à tenir la position pour la pose de la péridurale. Je m’excuse, tout le temps. On me la pose, on m’allonge et pendant que l’anesthésiste m’envoie le produit, la sage-femme m’ausculte. Elle va prononcer ces mots : « On va faire rentrer Papa, le bébé arrive » . Oui, pendant qu’on m’injectait la dose de produit, j’étais tranquillement en train d’accoucher. A 7h40, Bébé S. pointait le bout de son nez ♥.

Main de Bébé S. après l'accouchement
La petite anecdote :

Lors de la dernière poussée, on m’a demandé si je souhaitais attendre la contraction ou si je voulais pousser sans. J’ai choisi la deuxième solution car je n’avais qu’une seule chose en tête : mettre un terme à la grossesse. Elle devait sortir ! J’étais déterminée. Alors, c’est tout naturellement que j’ai dit à l’équipe « Ok. Je compte jusqu’à trois et à trois on y va. Un, deux… trois » et j’ai poussé. L’Amoureux m’a dit que l’équipe présente (soit l’équipe de nuit et l’équipe de jour) était subjuguée. Tout s’est passé extrêmement vite et je n’ai absolument rien senti.

L’accouchement, cet acte qui me terrifiait tant et pourtant….

Je n’ai pas eu d’épisiotomie mais une légère déchirure donc quelques fils, pas d’hémorragie, aucune complication, pas d’utilisation d’outils. Par contre, j’ai eu d’énormes courbatures, j’avais l’impression qu’un camion m’était passé dessus avec des difficultés à rester debout. Ces douleurs ont duré plusieurs jours, rien d’insupportable mais contraignant car je n’étais pas toujours capable de m’occuper de notre fille. J’ai énormément culpabiliser alors que je n’y étais pour rien.

J’ai toujours appréhendé l’accouchement et pourtant, il fait partie de mes plus beaux souvenirs. Je pense que j’ai eu énormément de chance : j’ai eu un travail rapide, un accouchement rapide, je n’ai rien senti pendant que j’accouchais. Bien sûr, j’ai eu les contractions qui, elles, étaient douloureuses même si je trouve avoir bien géré la gestion de la douleur. A aucun moment, durant les neuf mois, j’ai cru pouvoir les supporter. Je suis super sensible à la douleur et pourtant, à aucun moment j’ai pensé que c’était le travail. En même temps, difficile de reconnaître une contraction quand tu n’en as jamais eues…

Pour finir, il faut tout de même garder en tête que chaque accouchement est différent, que chaque corps est différent et même chaque femme.
Nous n’appréhendons pas la douleur de la même façon, certaines la supporteront plus que d’autres. Pour certaines l’accouchement sera rapide, pour d’autres plus long. Certaines auront des complications, d’autres pas. Je voulais juste apporter ma pierre à l’édifice par mon témoignage afin de, peut-être, aider certaines femmes à moins appréhender ce moment.

N’hésitez pas à me faire part de votre expérience, de vos questions, peurs, et autres ici ou même en privé sur Instagram. Je serai heureuse d’échanger avec vous !

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2 commentaires

  • Anonyme

    Ton article m’a beaucoup touché et m’a profondément ému. Je ne pense pas que j’aurai ressenti la même chose avant d’être aussi maman…
    Tu as pu vivre pleinement ton accouchement malgré tes peurs et je trouve ça beau. Également d’être binmen entouré par le corps médical.

    Moi, je n’ai pas eu cette chance, le corps médical m’a traumatisé du début à la fin. Je n’ai tellement pas eu de soutien d’eux… Que la vie de mon fils était en danger, parce que ce traumatisme m’empêchait d’être sereine et bloquer le travail. 6 jours après terme, il était encore bien haut et aucun travail ne se manifestait, et cette peur de l’accouchement s’amplifiait…
    J’ai donc décidé d’une césarienne parce que j’étais à bout, fatigué de ne plus pouvoir marcher correctement, de rejeter tout ce que je mangeais depuis le dernier trimestre. Ils n’ont pas voulu au début parce qu’on était dimanche… Et que le dimanche, ils opèrent pas sauf si urgence. Mon moral avait prit un coup, et celui-ci commençait à me faire littéralement craquer alors ma gyneco a accepté… Et il était temps. Le liquide amniotique avait viré de couleur et commençait à « ronger » la peau de mon bébé… Leur réaction : « on avait plus le choix » . Sauf que ce choix, c’est avec mon homme qu’on l’a voulu, pas eux. Et si mon homme n’aurait pas insisté, je n’imagine même pas comment aurait été la suite…

    Mais je m’en suis voulu, oh oui… Je m’en suis voulu d’avoir attendu, d’avoir voulu un accouchement naturel et finalement de me bloquer face à cette peur. Je m’en suis voulu de ne pas vouloir connaître la douleur des contractions, de la poussée… Mais j’ai accepté.
    Aujourd’hui, même si se fut une césarienne, je le vis comme un bon moment et suis heureuse de serrer mon fils dans les bras chaque jour 💙

    • Hey Poleen

      Je me sens tellement gênée en te lisant, gênée d’avoir eu cette chance que tout se passe bien.
      Je suis sidérée de lire que le corps médical t’a traumatisé du début à la fin, n’a pas été à tes côtés. C’est réellement quelque chose qui me choque et que je ne comprends pas. Il y a, parfois, un manque d’humanisme, d’empathie, de délicatesse et de gentillesse chez eux.
      Tu n’as pas à t’en vouloir d’avoir été bloquée face à cette peur de l’accouchement naturel ni même de ne pas vouloir connaître la douleur des contractions, de la poussée, absolument pas. Non, tu n’as pas à t’en vouloir. Comment ne pas avoir peur face à cette expérience inconnue dont les témoignages sont, la plupart du temps, négatifs ? Peut-être que si on lisait plus de choses positives sur l’accouchement et si on cessait de nous faire peur (même s’il est important de connaître les risques, les difficultés, etc), peut-être qu’on appréhenderait moins ce moment ?
      Vous avez pris la meilleure décision, le plus important était que votre fils sorte, en bonne santé et qu’il soit là, avec vous, chaque jour. Profitez de ces moments, ils sont précieux ♥

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